Je renonce à
Je suis dans le train qui me ramène vers mon quotidien, et tandis le paysage s'écoule sous mes yeux, je m'efforce de trouver à quoi je devrais renoncer. La vérité c'est que je ne veux renoncer à rien. Il y a de la résignation dans la renonciation.
Et puis mes désirs sont somme toute raisonnables. Je veux la neige et les plages de sable blanc. Je veux être jardinier, à la rigueur boulanger, et princesse d'Orient. Je veux être vivante et comprendre le langage des rêves. Je veux faire des châteaux de carton-pâte, des bijoux de pacotille et des histoires d'amitié. Je veux rire et pleurer et rire encore. Je veux aimer qui m'aime, être aimée de qui j'aime. Je veux devenir suffisamment âgée pour renoncer à ma jeunesse, à mes regrets et à mes remords. Voilà. Quand je serai bien vieille, je renoncerai à ma ridicule peur du ridicule. Peut-être.