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366 lieues sous les mers
21 janvier 2015

visa

Elle lit le papier qu'elle vient de recevoir de l'ambassade, autour d'elle des palmiers des fleurs odorantes, le soleil étincelle, ses yeux pleurent indifférents à la beauté du paysage, elle est heureuse si heureuse. Elle va enfin pouvoir rejoindre l'homme qu'elle aime et qui habite si loin d'elle, si loin de son pays natal. Combien de jours ont ils passé ensemble tout au long de ces deux longues années passées à s'aimer, elle ne sait plus, la tête lui tourne, peut être cent, seulement, mais cent qui valent une vie toute entière.

Elle va quitter sa terre sa famille pour en fonder une bâtie sur l'amour qu'elle lui porte. Elle imagine son cri de joie quand elle lui annoncera solonellement qu'elle a enfin le fameux sésame, elle entend son rire son souffle saccadé, ses pleurs enfin, "Chéri j'ai le visa". Elle tremble d'émotion, il répond, il s'écroule, il n'y croyait plus ou pas maintenant. Il est fou.

Quelques courses encore, quelques vêtements chauds pour la France, il est tard, elle rentre passer ses deux derniers jours chez elle, elle accélère, elle est pressée de rentrer pour l'appeler lui dire combien elle l'aime, combien... Les larmes de joie lui brouille la vue, l'aveugle, un virage sur la gauche et ... La chute.

Elle s'est réveillée trois jours plus tard, elle n'a pu lui téléphoner, sa soeur l'a fait pour elle, car son corps ne répond plus, seules ses lèvres bougent. Elle est couverte de bandages, les os brisés, la colonne vertébrale touchée, elle veut lever une main une jambe tourner la tête bouger un doigt, au moins le bout de l'index, mais plus rien ne lui obéit. Sa tête non plus, son cou serré dans la minerve protectrice. Pansements rouges, une infirmière s'approche.

Un autre jour, plus tard, le médecin puis un autre et un autre encore, ils sont trois. Combien faut il d'hommes pour un peloton d'exécution ?  Quelques phrases maladroites et l'aveu final "Mademoiselle, vous ne marcherez plus."

L'anéantissement la tristesse le désespoir la mort... ou l'espoir, oui, l'espoir l'espoir. Chaque trimestre, il vient la voir, il lui parle, l'embrasse, la caresse, il la fait rire malgré les douleurs, il lui donne l'espérance il lui redonne la vie, il recharge ses os de calcium, il remplit ses veines d'amour, il la fait manger et la lave tendrement, il la masse de longues heures jusqu'au moment où elle s'endort confiante et rassurée. Il rentre alors tristement à l'hôtel et revient, avant l'aube, il s'assoit dans le fauteuil à côté d'elle, il entend sa respiration, elle vit tout va bien.

Cinq ans se sont passés 

 

 

 

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Commentaires
B
bon on est loin de l'histoire de Gypsie !! mais que c'est triste cette histoire là !!! :'( triste et beau à la fois, émouvant en tous cas... j'vais me chercher un mouchoir !
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366 lieues sous les mers
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