Contre le mur [366]
C'est au pied du mur qu'on voit le maçon
Moi je l’ai vu.
Dans le petit matin, les yeux plein de sommeil
Sa gamelle sous le bras
Il va au chantier.
Il parle seul, dans un mauvais français
Méfiance
Il veut rentrer au pays
Il est vieux et fatigué
Il en a assez d’élever des murs…
…Des murs qui s’élèvent comme des harpes
Vers le ciel des Dieux
Exhalant les vapeurs de l’humaine suffisance.
C’est le mur des lamentations à un dieu sourd
Les murs ont des oreilles, mais n’entendent pas.
C’est le mur du silence
Mur taché du sang de ceux qui ont essayé de le briser
C’est le mur du son, comme celui de la honte
Paroles emmurées,
Humanité condamnée,
Rêve brisé.
C’est le mur-rempart qui protège de l’autre,
De ses différences,
De son étrange étrangeté.
Faire le mur pour fuir la mort
Mur tant de fois repeint,
Mais toujours réécrit
Un mur, un mot,
Un murmure comme un cri,
Un simple mot écrit
LIBERTE
Et tous les murs s’écroulent..