Facile facile
Seule chez moi, perchée sur mon tabouret de bar, face aux fenêtres qui donnent sur un paysage rendu sauvage et désert par la neige, facile de me sentir capitaine à bord de mon navire. Le vent souffle et pousse mon embarcation sur une mer de toits blancs, facile, facile d'aller où m'emmènent mes songeries. Le ciel et la terre fondus dans un unique camaïeu tempête, les flocons malmenés qui brouillent les dernières références, facile de s'évader loin de mon ordinateur. La radio apporte les nouvelles du monde dans ma cabine de commandant, mon bateau fend les flots de silence à la poursuite d'une pieuvre violette, facile, facile, et les vapeurs épicées qui s'échappent de ma tasse de thé chai - cannelle, gingembre, clou de girofle et cardamome - tirent le navire vers des horizons lointains. Facile, facile, j'y suis presque, là-bas, ailleurs quand soudain le téléphone sonne. Brutal.
L'ordinateur qui me regarde du coin de l'écran ricane :"facile de te faire atterrir. Très facile."